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L’équipe de Julie Gavard vient d’être labellisée par la Ligue nationale contre le cancer pour la qualité de ses recherches sur les tumeurs cérébrales. La Ligue contre le cancer de Loire-Atlantique s’engage à soutenir financièrement cette équipe nantaise.

 

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Julie Gavard : «J’ai obtenu mon doctorat à l’Université Pierre Marie Curie (Paris) pour mes travaux sur l’adhérence cellule-cellule au niveau des jonctions neuromusculaires. J’ai rejoint le National Institutes of Health, aux Etats-Unis, dans le laboratoire de Silvio Gutkind et j’ai découvert les mécanismes moléculaires par lesquels les facteurs angiogéniques modulent la barrière endothéliale.

En 2008, j’ai été recrutée chercheuse permanente par le CNRS et j’ai rapidement établi une équipe indépendante à l’Institut Cochin, à Paris. En 2012, j’ai reçu la médaille de bronze honorifique du CNRS. Mon équipe s’est installée à Nantes en 2015.

Qui constitue votre équipe ?

L’équipe est dirigée par un tandem : Nicolas Bidère, directeur de recherche Inserm et moi-même. Elle est composée d’une vingtaine de personnes : trois quarts sont des femmes, la moitié des docteurs en biologie. La moyenne d’âge est de 32 ans.

Dans cette équipe, on compte quatre autres personnels scientifiques permanents : une enseignante-chercheuse de Nantes Université, une chercheuse du CNRS, une cadre du centre de lutte contre le cancer de l’ICO, et un ingénieur d’étude de l’Inserm.

Ce noyau est rejoint par quatre chercheurs et chercheuses post-doctorants ayant obtenu leur doctorat dans des Universités à l’étranger. Cette ouverture à l’international est d’ailleurs une des spécificités de l’équipe (on a accueilli 14 nationalités depuis 2015). Actuellement, nous formons 6 doctorants auxquels s’ajoutent des stagiaires de master et des étudiantes en visite internationale.

Sur quel projet de recherche contre le cancer travaillez-vous ?

L’équipe étudie les points de contrôle qui décident de la vie et de la mort des cellules tumorales, en particulier dans les tumeurs malignes du cerveau de l’adulte, au pronostic sombre.

Près de 95% des patients atteints d’une tumeur du cerveau grave (glioblastome) décèdent entre 12 et 15 mois suivant le diagnostic. Ce cancer, l’un des plus mortels chez les adultes, concerne aussi bien les femmes que les hommes, avec une moyenne d’âge des patients situé autour de 60 ans.

Les traitements actuels comprennent une intervention chirurgicale au niveau du cerveau pour retirer le maximum de la tumeur et des cycles répétitifs de radiothérapies et chimiothérapies, qui détruisent les cellules tumorales se multipliant rapidement. Malheureusement, ces tumeurs renferment aussi un groupe rebelle, minoritaire, de cellules souches cancéreuses (CSC) constituant un réservoir qui réalimente la tumeur, même après les traitements, un peu comme les braises d’un feu.

Nous cherchons donc les points faibles des CSC pour éteindre définitivement le « feu » tumoral.

Le laboratoire étudie comment ces CSC communiquent avec les autres cellules, normales, du cerveau et notamment les vaisseaux sanguins. Nos données suggèrent que les CSC échangent avec leurs voisins et voisines des informations et les détournent, lançant alors des « fake news » pour faire grossir la tumeur.

Nous émettons l’hypothèse que bloquer l’accès des CSC aux médias et réseaux sociaux du cerveau les empêcheront de se développer et les dernières braises de la tumeur s’éteindront. Avec ce projet, nous espérons donc trouver un moyen de déconnecter les CSC et de les rendre silencieuses pour mieux les faire disparaître.

Où en êtes-vous de vos recherches ?

Nous avons identifié plusieurs molécules jouant des rôles importants dans la transmission des signaux entre les cellules du glioblastome et leur environnement vasculaire (comme l’apeline) ou dans le contrôle de la vitalité des cellules souches du glioblastome (comme MALT1).

Nos résultats sont prometteurs dans nos modèles expérimentaux de cellules, de biopsies, et de modèles souris. Nous continuons à explorer comment ces molécules fonctionnent dans le glioblastome, comment elles peuvent être bloquées et comment elles pourraient être utilisées à terme en recherche clinique.

Qu’est-ce que ça change d’être « labellisée » par la Ligue nationale contre le cancer ?

La Ligue contre le cancer a soutenu les travaux de recherche de l’équipe, presque sans discontinuer depuis 2009, au travers des appels d’offre régionaux et des comités départementaux.

La labellisation nationale en 2022 s’inscrit comme une reconnaissance des travaux de l’équipe mais surtout un encouragement à poursuivre et un gage de confiance. Ce financement, associé aussi au soutien de jeunes scientifiques en doctorat, nous permet de maintenir les efforts de recherche et d’accorder une dose de liberté et de créativité dans les travaux de recherche.

Avec un label de cinq ans, l’équipe peut se permettre de prendre des risques, de revisiter des idées et d’échafauder des nouvelles hypothèses. »

Équipe labellisée Julie Gavard
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